Vapotage : la timide reconnaissance d’Agnès Buzyn

Après des semaines de confusion et un début de panique parmi la population, le gouvernement clarifie enfin la position française sur le vapotage. La ministre de la Santé Agnès Buzyn affirme qu’« aucune alerte sanitaire » ne circule à propos de la vape, qu’elle considère comme « un outil utile ».

Vapotage : la timide reconnaissance d’Agnès Buzyn

Fin de l’été dernier. Alors que les premiers cas de troubles pulmonaires graves commençaient à apparaître aux États-Unis, la presse généraliste s’est affolée autour de la vape. De quoi semer une grande confusion dans l’opinion publique, avec des titres parfois racoleurs et des contre-vérités. Et même s’il ressort aujourd’hui clairement que des e-liquides frelatés contenant du THC étaient en cause, l’image de la vape s’en est trouvée écornée. La décision américaine d’interdire les liquides aromatisés ou encore l’interdiction totale de l’e-cigarette prononcée en Inde n’ont rien arrangé.

Face à la crise, rétablir la vérité

Face à cette crise, seuls les professionnels du secteur et les publications spécialisées ont œuvré afin de rétablir la vérité. La fédération France Vapotage, qui représente les professionnels du secteur, a ainsi publié un communiqué de presse visant à rassurer les utilisateurs.

« Tous les raccourcis et tous les amalgames possibles ont été effectués dans certains médias américains et français quant à la pratique de la vape. Des pratiques dévoyées ont ainsi été, de manière totalement irrationnelle, assimilées à l’usage de la grande majorité des vapoteurs, qui ont pourtant trouvé dans l’utilisation de la cigarette électronique une réponse adaptée à leur volonté de diminuer ou d’arrêter la consommation de tabac, indique-t-il. Il est urgent d’agir, avec plus 3 millions de vapoteurs français et alors que la cigarette électronique est l’outil reconnu par l’agence nationale de santé publique comme le plus efficace et le plus utilisé pour réduire la prévalence tabagique. »

« Nous ne sommes pas dans la même situation que les États-Unis »

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a enfin pris la parole le 22 septembre dernier, à l’occasion d’une interview avec Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. Premier point positif, elle souhaite rassurer les consommateurs et éclaircir la situation française vis-à-vis de la vape. « Pour la question d’interdire les arômes, nous ne sommes pas dans la même situation que les États-Unis. Les États-Unis laissent les gens faire leurs propres mélanges, on voit qu’il y a eu des cas d’événements indésirables très graves, avec des morts, parce que les gens utilisaient des huiles essentielles avec une toxicité pulmonaire… Aujourd’hui, en France, la législation est beaucoup plus rigide. Nous n’avons pas d’alerte sanitaire particulière », indique-t-elle.

« Une législation beaucoup plus sévère que les autres pays »

Pour autant, elle n’impute pas les bons résultats en matière de lutte contre le tabac au succès de la vape. « Nous savons que c’est la hausse du prix du tabac qui reste le meilleur moyen pour que les gens arrêtent de fumer, et notamment les jeunes. Les résultats sont là, nous avons près de 1,5 million de fumeurs en moins. C’est grâce au prix du tabac mais c’est tout un tas de mesures, notamment les patchs remboursés par la Sécurité sociale et des mesures d’aide à l’arrêt du tabac qui favorisent cela », affirme-t-elle.

À propos de la législation sur l’e-cigarette, elle indique : « Sur la cigarette électronique, nous avons pris les mêmes mesures que pour la vraie cigarette vis-à-vis des jeunes. Elle est interdite à la vente au moins de 18 ans. Il est interdit de fumer ou de vapoter dans les mêmes lieux. En réalité, la France s’est dotée d’une législation beaucoup plus sévère sur la cigarette électronique que les autres pays. »

Elle poursuit : « Il y a une forme de tolérance, parfois, dans certains lieux, mais en réalité nous n’avons pas voulu faciliter le vapotage. Mais c’est un outil pour l’arrêt du tabac, c’est un outil utile quand les gens arrêtent vraiment de fumer. » Une forme de reconnaissance, que la ministre de la Santé a déjà exprimée par le passé. 

Des e-liquides frelatés contenant du THC

Concernant les futurs projets français, dans le contexte de durcissement législatif américain, Agnès Buzyn s’est montrée claire : « Il n’y a rien dans les tuyaux. Nous faisons un état des lieux et nous avons fait un observatoire pour que l’on ait des remontées d’informations sur qui les utilise, sur les risques sanitaires. Il y a une “pharmaco-vigilance”, pourrait-on dire (ce n’est pas un médicament, mais tout comme), mise en place par l’agence française de santé publique pour savoir s’il faut modifier la législation. »

Si l’on ne peut que saluer la prise de parole d’Agnès Buzyn, on s’étonne de certaines approximations dans son discours, notamment dans les raisons avancées pour décrire la situation américaine. Comme la rédaction d’e-cig mag l’a indiqué, ce ne sont nullement des « huiles essentielles » qui sont en cause dans la tragique affaire des troubles pulmonaires aux États-Unis mais bien des e-liquides frelatés contenant du THC. La gravité de la situation exigeait une réponse plus claire et précise. Il en va de même quant au rôle de l’e-cigarette dans les bons résultats observés sur l’arrêt du tabac. D’après l’agence Santé publique France, ce sont près de 700 000 fumeurs en France qui ont arrêté en rapport direct avec la vape. Un rappel qu’aurait bien mérité le vapotage, dans le contexte actuel.

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