Imperial Brands interpelle Olivier Véran sur la vape

L’un des directeurs généraux d’Imperial Brands adresse une lettre ouverte au ministre de la Santé Olivier Véran. Le point de vue qu’il défend ? Selon lui, la politique fiscale ne fonctionne pas pour lutter contre le tabac en France. Il propose une autre solution : la vape !

Imperial Brands interpelle Olivier Véran sur la vape

Publiée le 7 décembre dans le Journal de l’économie, la tribune de Jon Fernandez  (photo) jette un pavé dans la mare. Intitulée « Dr OIivier Véran, la politique fiscale pour lutter contre le tabac n’a pas fonctionné. Je vous propose une autre solution », cette lettre adressée au ministre de la Santé vise en particulier à réhabiliter la vape auprès des pouvoirs publics.

Directeur général Europe de l’Ouest du groupe Imperial Brands, qui commercialise plusieurs marques de cigarettes (Peter Stuyvesant, Gitanes, Royale, News, Fortuna…) mais aussi l’e-cigarette myBlu, Jon Fernandez s’attaque à « la politique fiscale sans précédent » du gouvernement.

« Le prix moyen d’un paquet de cigarettes en France est le plus élevé d’Europe de l’Ouest »

« 1,6 million de personnes auraient arrêté de fumer entre le 1er janvier 2017 et la mi-mai 2018, selon Santé publique France, rappelle-t-il. Un chiffre atteint grâce à un matraquage fiscal. Malheureusement, il semblerait que la réalité soit toute autre. » Pour étayer sa démonstration, Jon Fernandez s’appuie sur les données du premier confinement de mars-mai 2020. « Durant le mois d’avril, le chiffre d’affaires de vente de tabac a cru de 23 % dans l’Hexagone, explique-t-il. On pourrait résumer cette hausse de la consommation au stress généré par le confinement. Il convient plutôt de la rapprocher de la fermeture des frontières. »

Nous sommes déjà revenus sur ces achats transfrontaliers. Des ventes de tabac qui passent sous les radars, et qui pourraient, hélas, fausser les bons chiffres de la baisse des ventes de cigarettes.  

« Dans les départements limitrophes de l’Allemagne, les ventes de cigarettes ont augmenté de 71 % en avril par rapport à mars, et, toujours côté français, cette distribution a augmenté de 47 % près de la frontière belge, précise Jon Fernandez. Or, lors de la seule semaine suivant la réouverture des barrières avec le Plat pays (le 15 juin), les ventes ont immédiatement chuté de 25 % chez les buralistes des Hauts de France. Cette situation n’est pas une surprise : le prix moyen d’un paquet de cigarettes en France est le plus élevé d’Europe de l’Ouest. »

« Les pouvoirs publics entretiennent une forme de dépendance à cette politique fiscale »

En substance, Jon Fernandez sous-entend que les pouvoirs publics entretiennent une forme de dépendance à cette politique fiscale, au lieu de lutter efficacement contre le tabagisme. Et pour lui, la réponse réside dans la vape. « Contrairement aux clichés, notre groupe cherche lui aussi à offrir une alternative moins nocive et plus efficace au tabac, explique-t-il. Pour aller dans le sens d’une décroissance de la consommation, nous avons entamé une mue il y a maintenant près de dix ans et nous avons été les premiers à nous orienter progressivement vers la distribution de produits de vape. »

« Il est donc à ce titre fort dommage qu’ils soient rangés dans la même catégorie que les cigarettes alors qu’ils permettent aux fumeurs de stopper leur consommation ou, a minima, de la limiter, conclut-il. Depuis 2018, l’Assurance maladie rembourse certains substituts nicotiniques (gommes à mâcher, pastilles et patchs) destinés à accompagner l’arrêt du tabac. Dans certains pays comme la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande ou le Canada, les autorités de santé promeuvent le vapotage comme un moyen permettant de cesser de fumer. Ce n’est pas le cas en France. Une autre approche de la vape est-elle possible ? »

« La transformation du marché est lente. L’État doit accompagner les professionnels »

Pour rappel, depuis 2008, le groupe Imperial Brands a également dans son escarcelle la marque Altadis, historiquement Seita. C’est l’un des principaux acteurs de la distribution des cigarettes dans l’Hexagone. Ce qui explique aussi le signal d’alarme tiré par le dirigeant, face à la fuite des ventes dans les pays frontaliers. « Pour des raisons sociales et économiques, il n’est pas possible pour les industriels et le réseau de distribution agréé de se passer immédiatement de la vente des cigarettes, affirme Jon Fernandez. La transformation du marché est lente. L’État doit accompagner les professionnels volontaires dans cette période de transition. »

« En France, nombre de fumeurs qui s’apprêtaient à passer à la vaporette au lieu du tabac ne doivent pas hésiter puisque la Haute Autorité de santé en a fait un produit utile à l’arrêt du tabac et qui a fait ses preuves », conclut Jon Fernandez. Si sa lettre paraît en partie motivée par la volonté de préserver son groupe, dans cette délicate phase transitoire, elle s’appuie aussi sur d’indéniables arguments sanitaires. Olivier Véran ayant exprimé un avis favorable au vapotage avant d’obtenir le portefeuille de ministre de la Santé, gageons qu’il n’y restera pas insensible.

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