Étude : la vape contribue au recul du tabac en France

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) vient de publier un rapport sur le tabagisme et l’arrêt du tabac en 2019. Pour expliquer la baisse significative de la vente de tabac cette année-là (- 7,1 %), le document n’évoque pas seulement la hausse parallèle du prix du paquet. La vape joue également un rôle prépondérant, avec un nombre de vapoteurs qui a augmenté de 1,9 %

Étude : la vape contribue au recul du tabac en France

S’appuyant sur des spécialistes et des chercheurs, l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) est un groupement d’intérêt public. Il contribue ainsi à éclairer les pouvoirs publics au fil de ses travaux et de ses publications. Dirigé par Marc-Antoine Douchet, un récent rapport s’intéresse au « tabagisme et à l’arrêt du tabac en 2019 ». Il fait suite à une étude qui faisait apparaître « l’année 2018 comme marquante pour le marché du tabac ».

Pour la première fois depuis quatre ans, les ventes de tabac avaient en effet baissé, avec un volume passant sous la barre des 50 000 tonnes. Plus précisément, il s’était écoulé 49 740 tonnes de tabac en 2018, contre 54 525 l’année précédente, soit une baisse de 8,8 %.

Baisse significative de la vente de tabac

En 2019, le phénomène s’est encore accentué. En effet, les ventes de cigarettes ont diminué de 7,1 % par rapport à 2018. Pour un nombre de jours de livraison identique, il s’est ainsi écoulé 46 962 tonnes de tabac en 2019, soit 2 778 tonnes de moins qu’en 2018, en France métropolitaine. Des résultats qui confirment pour la seconde année consécutive la baisse que connaît le marché. Signe d’une vraie tendance de fond, on retrouve une évolution comparable concernant les ventes de tabac à rouler (- 6,3 %).

Pour expliquer cette baisse, l’étude évoque en premier lieu l’augmentation des prix. En 2019, le tarif moyen d’un paquet de 20 cigarettes était de 8,78 €, contre 7,05 € en 2017. Il s’agit de la seconde augmentation d’affilée la plus significative depuis 2004, alors que les prix étaient restés stables entre 2014 et 2017. Pour autant, l’auteur de l’étude ne néglige pas l’importance du report vers les achats transfrontaliers. En s’appuyant sur les chiffres de la Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI), il constate que les ventes de tabac ont davantage reculé dans les zones limitrophes de la Belgique, de l’Allemagne, du Luxembourg ou de l’Espagne. Une nécessaire prise en compte, alors que nombre d’études évoquent la seule hausse du prix du tabac.

Croissance du marché de l’e-cigarette

L’étude se concentre également sur le marché de la vape. Elle recense ainsi 3 007 boutiques spécialisées en 2019, soit environ 4,1 % de plus qu’en 2018. L’année précédente, le parc des vape shops s’était déjà accru de près de 7,5 % . « Comme cela a été déjà observé depuis son arrivée sur le marché au début des années 2010, l’e-cigarette attire principalement les fumeurs, et la majorité d’entre eux l’a d’ailleurs déjà essayée », indique le rapport. Chez les 18-75 ans, l’OFDT précise que 34,7 % l’ont déjà essayée en 2019, contre 32,8 % l’année précédente.  Et 5,3 % l’utilisent quotidiennement, contre 3,8 % en 2018.

Deuxième motif de satisfaction, l’OFDT éclaircit très précisément le débat sur « l’épidémie de maladies pulmonaires » survenue l’été dernier aux États-Unis. L’étude explique en effet que c’est bien « l’acétate de vitamine E » contenue dans des cartouches illicites qui en est à l’origine, disculpant au passage les e-liquides classiques, disponibles sur le circuit légal. Une volonté de transparence et de rétablir la vérité qu’il convient de souligner.

Hausse des ventes de substituts nicotiniques

L’OFDT revient également sur l’augmentation des ventes de substituts nicotiniques. En 2018, 3 413 896 personnes y avaient eu recours, contre 2 726 417 l’année précédente, soit 25 % de plus. La hausse s’est poursuivie en 2019, avec aujourd’hui 4,3 millions d’individus qui utilisaient de tels produits, soit une progression de près de 33 %. « La hausse enregistrée en 2018 et 2019 s’explique probablement en grande partie par la mise en œuvre du remboursement à 65 % des substituts nicotiniques par l’Assurance-maladie […] dans un contexte de hausse de prix du tabac qui a sûrement encouragé un certain nombre de fumeurs à arrêter ou à réduire leur consommation », précise le rapport.

De plus en plus de vapoteurs exclusifs

L’analyse de l’OFDT porte donc un regard optimiste sur le marché en France. Pour la seconde année consécutive, « tous les indicateurs relatifs à l’arrêt du tabac progressent nettement. […]  Si le nombre d’usagers de la cigarette électronique est resté stable entre 2016 et 2017, il pourrait s’agir de plus en plus d’utilisateurs exclusifs, qui ne fument plus du tout de tabac, participant au recul des ventes et de la prévalence tabagique ainsi qu’à l’essor du marché de l’e-cigarette », conclut l’étude. Dans le contexte actuel d’une nouvelle hausse du prix du tabac, le phénomène pourrait ainsi s’accentuer. Il y a par ailleurs l’organisation d’une nouvelle édition du MoisSansTabac, prévue pour novembre prochain. Si la campagne de 2018 avait bien fonctionné, la dernière en date a connu un succès moins retentissant. Ses organisateurs ont d’ailleurs promis une nouvelle version « totalement revue et corrigée ». Avec une meilleure prise en considération de l’e-cigarette, comme semble le préconiser l’OFDT ?

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