Europe : un plan contre le cancer… et contre la vape

Le Parlement européen vient de publier son « plan pour vaincre le cancer » d’ici 2035. Si les initiatives et les mesures de soutien sont à saluer, le vapotage subit hélas le même traitement que le tabagisme. Ce que l'ETHRA n'a pas manqué de déplorer dans une lettre adressée aux eurodéputés.

Europe : un plan contre le cancer… et contre la vape

Publié le 3 février dernier, le « plan pour vaincre le cancer » du Parlement européen constitue le point de départ d’un nouveau défi pour tous les États membres. Car c’est l’une des plus grandes menaces qui planent sur l’Europe : d’ici 2035, le cancer pourrait augmenter de plus de 24 % et devenir la principale cause de mortalité dans l’UE. Le document rappelle par ailleurs que la pandémie de Covid-19 a de graves répercussions sur les soins liés à cette maladie. Un véritable fléau dont l’incidence économique est estimée à plus de 100 milliards d’euros par an.

« L’Europe a besoin de toute urgence d’un engagement renouvelé en faveur de la prévention, du traitement et des soins du cancer », indique le document en préambule. Le Parlement européen prévoit ainsi une série d’initiatives et de mesures de soutien pour aider les États membres à faire reculer la maladie. Recherches et prévention, recours aux nouvelles technologies, autodidaxie en matière de santé, dossiers informatisés… Les efforts ne manquent pas et mettent surtout en lumière la volonté de moderniser la prise en charge des cancers. Et pourtant.

L’Union européenne s’aligne sur le discours de l’OMS

Dans le cadre du projet d’« Europe sans tabac », le Parlement rappelle que la cigarette est la principale cause de cancer évitable. Le tabac est responsable de 27 % de l’ensemble des cancers. D’ici 2021, le plan européen prévoit des mesures visant à aboutir à une « génération sans tabac » à l’horizon 2040. Plus précisément, l’objectif est de réduire le nombre de fumeurs à 5 % de la population européenne, contre 25 % actuellement.

Mais, dès le préambule, le ton est donné : le plan antitabac de l’UE vise à s’adapter aux « nouvelles évolutions et tendances du marché, y compris [avec] des règles plus strictes concernant les nouveaux produits. […] Le but intermédiaire est d’atteindre l’objectif de l’OMS, à savoir une réduction relative de 30 % de la consommation de tabac d’ici à 2025 ».

Telle est donc l’approche privilégiée par la Commission européenne : s’aligner sur les recommandations de l’OMS. Une institution qui s’est déjà tristement illustrée par ses campagnes mensongères sur la cigarette électronique. 

« Interdiction totale des arômes », « [extension] de la taxation aux nouveaux produits du tabac », « lutte contre la publicité », « [élargissement] des environnements extérieurs sans tabac aux produits émergents tels que les cigarettes électroniques »… Le plan européen le dit clairement : lutter contre le tabagisme, c’est aussi lutter contre le vapotage. Un amalgame que l’on observe déjà chez des responsables européens. Paul Blokhuis , le secrétaire d’État au ministère de la Santé hollandais, a ainsi déclaré : « Je pense qu’une génération sans tabac devrait aussi être une génération sans e-cigarette. »

« Le plan est naïf quant à ses conséquences perverses »

L’ETHRA s’est émue d’une telle position. Dans une lettre aux eurodéputés, le regroupement de 22 associations issues de 16 pays européens exprime clairement ses inquiétudes : « Une réglementation excessive des cigarettes électroniques causera des dommages en protégeant le commerce de la cigarette et en perpétuant le tabagisme. Si ces propositions étaient déjà en vigueur, il ne fait aucun doute que nous serions encore nombreux à fumer aujourd’hui. »  

Mentionnant les nombreuses études qui soulignent l’efficacité de la vape, l’ETHRA adresse ce grief aux instances européennes :  « Le plan ne tient pas compte des preuves substantielles qui montrent que les cigarettes électroniques constituent des substituts, et [qu’elles] présentent un risque beaucoup plus faible. »

L’association poursuit : « Une réduction significative des méfaits est possible et souhaitable en passant de produits à haut risque à des produits à faible risque. Une réglementation intelligente peut encourager les consommateurs à changer et le marché à s’orienter vers des produits beaucoup plus sûrs. »

« Une telle approche est une étape vers la prohibition pure et simple. Cela déclenchera une multitude de réactions indésirables chez les vapoteurs et les fumeurs. Y compris la rechute dans le tabagisme chez les vapoteurs, l’augmentation des activités illicites, plus de mélange à domicile et la formation de marchés informels et non réglementés, conclut l’ETHRA. D’autres mesures telles que les taxes, les interdictions de vapoter dans les lieux publics ou le conditionnement neutre fourniraient une protection réglementaire supplémentaire pour les cigarettes. Le plan […] est naïf quant aux conséquences perverses des interventions réglementaires proposées. »

En Europe, on compte 27 millions de vapoteurs. Un tel plan risque bien de se traduire par une baisse de ce nombre. Et donc de faire gagner le tabagisme.

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