« Puff bars » : la fin de la récré ?

Difficile de passer à côté de l’information : depuis quelques mois, certains modèles de cigarettes électroniques jetables, parfois hautement nicotinées, déferlent dans les cours de récréation. Une mode adoptée par de très jeunes adolescents et qui fait, à juste titre, grincer des dents. Suffisamment pour bousculer nos habitudes, et nous amener à publier notre chronique amère en avance…

« Puff bars » : la fin de la récré ?

Voilà des années que le secteur se bat pour faire valoir son droit. Celui de vendre un produit de rupture, un outil de réduction des risques, à des adultes majeurs et malades de leur addiction au tabac.

Des années que l’on refuse d’endosser la responsabilité du prétendu effet passerelle entre nos e-cigarettes chéries et la tueuse. Effet passerelle qui, d’ailleurs, n’a jamais été prouvé, d’autant plus qu’on le répète : non, on ne vend pas de vape aux enfants !

Pourtant, depuis la rentrée de la Toussaint, les billes, pogs et hand-spinners ont été remplacés par de drôles de tubes qui fument…

Un marketing ciblé

Si vous lisez e-cig mag, c’est que vous connaissez le marché de la vape. Pas besoin, donc, de vous présenter les produits incriminés : ces e-cigs tubulaires préremplies à 200 puffs et dont on se débarrasse sitôt le dry-hit ressenti. Les uns vantent ces appareils comme étant recyclables, quand d’autres évitent soigneusement le sujet…

Mais, cette fois, laissons de côté l’écologie pour nous concentrer sur l’écolier. Ce jeune enfant, systématiquement grisé par la découverte – surtout quand c’est interdit – et aussi sensible au marketing flashy qu’une gorge de primo l’est au 16 mg/ml. Le marmot, ça fait quelques mois qu’il les voit partout, ces clopes électroniques dont le look évoque friandises et glaces. Dans les mains de ses influenceurs préférés, dans la trousse des copains, et même dans les rayons des magasins où sa mère le traîne le samedi pour aller racheter de la déco bon marché. Difficile pour lui d’y résister !

On ne va pas le juger, nous, au même âge, on fumait des clopes…

Accusés à la barre

À qui la faute, dans cette histoire ? Aux entreprises qui ont marketé cette vapoteuse édulcorée ? Honnêtement, ce n’est pas la première fois que l’on voit, sur le matériel et encore plus sur les fioles, des visuels qui titillent l’enfant accro au sucre qui sommeille en nous. Au fond, ces marques ont juste réussi à faire ce à quoi aspire tout le secteur : un produit qui s’arrache comme des petits pains ! Forcément, ça attire la critique.

Serait-ce alors à cause des distributeurs qui vendent ces produits à des gosses, sans vergogne ni contrôle d’âge ? Assurément, eux sont indéfendables ! Et, difficile de savoir qui sont ces « commerçants » peu scrupuleux : vape shops, buralistes, GMS, grossistes, réseaux sociaux… ? Concernant ces derniers, il est vrai que l’on peut trouver très maladroite l’idée de leur confier la promotion de ce produit. Au regard de la TPD et de l’interdiction de la pub, déjà. Mais aussi et surtout parce qu’on le sait, il suffit qu’un influenceur issu d’un programme de téléréalité conseille un produit pour que toutes les personnes de moins de 12 ans d’âge mental (67 % de la population d’après un sondage personnel) l’adoptent sans sourciller. Pour eux, qui ont réussi à imposer la mode du « claquettes-chaussettes » en à peine un été, faire de la vape le nouvel accessoire indispensable de la cour de récré a été une formalité.

En définitive, il est bien compliqué de l’identifier, ce coupable. D’ailleurs, si les pouvoirs publics devaient s’y employer, il y a de fortes chances que ce soit tout le secteur qui se retrouve sur le banc des accusés. Et le verdict risquerait d’être sévère : on ne touche pas aux enfants ! La DGS, alertée par les signalements transmis par la Fivape le 21 décembre dernier, vient d’ailleurs de se saisir du dossier…

Pack de Puff Bars, dosées à 50 mg/ml, soldé et vendu en France sans aucun contrôle d’âge (le 24 janvier 2022)

Génération V

Les différents reportages que l’on a tous pu lire ou visionner sont édifiants, inquiétants, malaisants. Tous ces mini-vapotos, on n’a pas l’habitude ! Non, d’habitude, ces mêmes chérubins, on les voit devant le collège, en train de fumer des clopes. Ça, ça va, on l’a accepté.

Il ne viendrait donc pas à l’idée d’un journaliste de s’armer de sa caméra pour aller interviewer ces êtres prépubères sur leur tabagisme, ni sur les manigances qu’ils mettent au point pour se procurer ce produit interdit à la vente aux mineurs depuis 2010. L’enquête réalisée par le CNCT en 2019, montrant que 94 % des fumeurs mineurs se fournissent sans difficulté chez les 65,2 % des buralistes qui acceptent de leur vendre du tabac, elle, n’a pas fait de bruit.

Mais là, entendre ces vapo-mômes dire qu’ils vapent parce que « ça a meilleur goût que la clope », qui se retrouve ainsi reléguée au rang de produit passé de mode, on n’y est pas prêt. Pas plus que d’imaginer que la cigarette électronique pourrait remplacer la première cause de mortalité évitable et créer une génération de vapoteurs sans tabac.

Non, nous, ce qu’on n’est pas loin de faire, c’est d’interdire les arômes parce qu’ils attirent la jeunesse. En gros, de suivre le modèle américain où la vape est en train de mourir, et les enfants de redevenir fumeurs, comme au bon vieux temps…


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