Massachusetts : réprimer la vape, c’est favoriser le tabac

En 2017, seuls 7,4 % des jeunes de moins de 25 ans fumaient des cigarettes au Massachusetts. Un nouveau record, alors qu’ils étaient encore 23,6 % dix ans plus tôt dans cet État américain. Mais le niveau est subitement remonté de 10 % avant de se stabiliser. La raison ? La guerre menée par les autorités locales contre le vapotage.

Massachusetts : réprimer la vape, c’est favoriser le tabac

Durant les années 2010, le Massachusetts figurait parmi les meilleurs élèves en matière de lutte contre le tabagisme. Alors que 23,6 % des fumeurs avaient entre 18 et 24 ans, en 2007, leur nombre a chuté de 68,6 % en quelques années. En 2017, seuls 7,4 % des fumeurs avaient moins de 25 ans – un record aux États-Unis. Cette année-là correspond aussi à l’introduction de la vape sur le marché américain.

Mais les réjouissances ont été de courte durée. En 2018, le tabagisme chez les jeunes a subitement augmenté de 10 %. Avant de se stabiliser à ce niveau, alors qu’il déclinait encore dans 46 autres États américains.

La prohibition n’est pas la solution

Plusieurs éléments expliquent cette hausse. En 2014, certaines municipalités du Massachusetts ont commencé à interdire localement les e-liquides aromatisés. Cinq ans plus tard, en 2019, l’interdiction s’est étendue à l’échelle de l’État. En 2020, les cigarettes mentholées ont également été bannies. 

« Ces résultats sont contraires à la fausse hypothèse, malheureusement répandue par de prétendus défenseurs de la santé publique, selon laquelle le vapotage chez les jeunes conduit à fumer chez les jeunes », commente Lindsey Stroud, la responsable de l’association Tobacco Harm Reduction

Lindsey Stroud poursuit en rappelant que la politique de la prohibition n’a jamais donné de bons résultats. « Des milliers d’années de comportement humain ont montré que certaines personnes vont adopter des comportements à risque, quoi qu’en dise le gouvernement, indique-t-elle. Par conséquent, une approche plus sensée de la santé publique, impliquant en particulier les jeunes, pourrait limiter les comportements à très haut risque, comme fumer des cigarettes traditionnelles, tout en permettant un accès contrôlé à des produits à faible risque, comme le vapotage. »

Les effets désastreux des fake news

Les choix politiques du Massachusetts ont largement été dictés par l’épidémie de maladies pulmonaires survenue aux États-Unis en 2019. Une crise sanitaire qui a d’abord a été imputée au vapotage avant que la vérité ne soit enfin rétablie. Pour rappel, ce sont en réalité des produits au THC frelatés, vendus sous le manteau, qui en étaient à l’origine. 

D’autres études ont déjà mis en évidence une augmentation du tabagisme liée à l’interdiction des e-liquides aromatisés et plus largement de la vape. En avril 2020, la revue Addictive Behavior Reports s’était penchée sur les choix de la municipalité de San Francisco. Entrée en vigueur le 1er janvier 2019, l’interdiction des e-liquides aromatisés s’est traduite par une hausse de 35 % des fumeurs chez les jeunes de 18 à 24 ans en un an. En parallèle, le nombre de vapoteurs s’est réduit de près de 20 %. Convertis en taux global et rapportés à l’ensemble des groupes étudiés, de 18 à 35 ans, ces résultats montrent un vrai effet de vases communicants : un jeune sur dix s’est mis à la cigarette tandis qu’un sur dix a abandonné la vape.

« Il est évident que l’émergence de produits de réduction des méfaits du tabac tels que les cigarettes électroniques a contribué à réduire le tabagisme chez les jeunes adultes, poursuit Lindsey Stroud. Il est temps que les décideurs politiques s’emploient à réduire méfaits du tabac et protègent réellement la santé publique plutôt que de répandre de fausses informations ». Sous la présidence de Joe Biden, l’attitude des pouvoirs publics américains sera donc à surveiller.

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