Parmi les raisons qui ont conduit à la vague d’interdiction des e-liquides aromatisés, il y a la crainte que la cigarette électronique rende les jeunes accros à la nicotine. Selon une étude de l’association Tobacco Free Kids menée en septembre 2019, 5,8 % des lycéens américains fument des cigarettes et 27,5 % d’entre eux sont des vapoteurs. L’étude ne distingue pas les e-liquides nicotinés ou non et ne met pas non plus en évidence un « effet passerelle ». Mais elle établit ce constat : chaque jour, 1 900 enfants de moins de 18 ans testent pour la première fois la cigarette.
Des poubelles fouillées dans les lycées publics
Pour en savoir plus, deux chercheurs californiens ont donc fouillé les poubelles de douze lycées publics situés dans la baie de San Francisco, entre juillet 2018 et avril 2019. Jeremiah Mock et Yogi Hendlin, de l’Université de Californie, viennent de publier les résultats de cette « rudologie » dans le rapport hebdomadaire des CDC sur la Morbidité et la mortalité.
Ces douze lycées représentent 18 831 élèves. Les deux chercheurs ont volontairement distingué trois groupes de quatre établissements, en fonction des revenus moyens dans leurs quartiers. Ils ont ainsi collecté 893 éléments : 620 mégots de cigarette, 172 déchets d’e-cigarette (presque exclusivement des pods Juul), 87 cigares ou cigarillos et 14 joints de cannabis.
Les e-liquides aromatisés sont plébiscités
La quasi-totalité des déchets de pods Juul a été retrouvée autour de lycées des classes moyennes ou aisées. Les cigares et les cigarillos étaient majoritairement consommés dans les quartiers les plus pauvres. Les chercheurs indiquent que parmi les déchets d’e-cigarettes, on retrouve essentiellement des e-liquides aromatisés. Les parfums menthe (64 %) et mangue (25 %) sont ainsi plébiscités.
« Les grandes proportions de produits aromatisés identifiés dans cette étude sont cohérentes avec les conclusions d’autres enquêtes démontrant des taux de consommation élevés de cigarettes électroniques aromatisées et de produits du tabac combustible chez les jeunes Américains, conclut Jeremiah Mock. D’autres recherches et actions au niveau national sont nécessaires pour éclairer les décideurs politiques dans la réduction de l’accès des jeunes aux produits du tabac, y compris les cigarettes électroniques. L’utilisation par les jeunes de produits aromatisés, notamment de menthe et d’arômes mentholés, est particulièrement préoccupante. De même, des mesures sont nécessaires pour éliminer la contamination de l’environnement par les déchets des cigarettes électroniques et des produits du tabac combustibles, dans et autour des écoles. »