[Tranche de vape] « Mon pneumologue ne veut plus me voir »

Des paquets de clopes, Danielle en a acheté des milliers. Jusqu’à ce que sa santé, à 81 ans, l’oblige à arrêter le tabac et à pousser la porte d’un vape shop. Trois ans plus tard, cigarette électronique à la main, elle se porte comme un charme.

[Tranche de vape] « Mon pneumologue ne veut plus me voir »

Elle bondit partout, sourit aux amis qu’elle croise et, me voyant arriver vers elle, m’étreint de toute la force qu’il reste à ce petit bout de femme de 84 ans. Danielle est heureuse et respire la joie de vivre d’une adolescente. Pourtant, cette pétillante grand-mère revient de loin…

Elle n’a jamais voulu arrêter la clope

Lorsqu’elle entre dans mon échoppe trois ans plus tôt, elle n’affiche pas du tout le même sourire qu’aujourd’hui. Au bord des larmes, la voix tremblotante, elle m’annonce : « Mon pneumologue veut absolument que j’arrête la cigarette, sinon dans trois mois c’est fini, je termine six pieds sous terre. » Je tente de la rassurer en lui disant qu’on va trouver une solution ensemble. Elle me raconte qu’elle fume deux paquets par jour depuis cinquante ans. Voilà un vrai challenge. Sans pour autant me prétendre médecin ou pneumologue, mon rôle est avant tout d’informer, de conseiller et d’aider les fumeurs à passer ce cap psychologique, l’arrêt du tabagisme, en soulignant les bienfaits de la cigarette électronique.

Ce matin-là, je me promets d’aider, du mieux que je pourrai, cette jolie grand-mère aux yeux d’un bleu azur, embrumés par la peur et le désespoir. Pendant presque quarante-cinq minutes, elle vide son sac, me dépeint sa vie, passionnante au demeurant, entre l’après-guerre et Mai 68. Elle m’avoue qu’elle n’a jamais voulu arrêter « la clope », mais qu’elle a pris conscience, seulement maintenant, que ce plaisir allait la tuer.

Entre Brejnev et Janis Joplin, la vape

Entre deux anecdotes où elle passe de Brejnev à Janis Joplin, j’explique à Danielle en quoi consiste la vape, quel est le rôle de la nicotine dans les e-liquides. Je lui dis tout ce qu’il faut savoir sur ce nouveau matériel qu’elle va avoir entre les mains, qui lui sauvera certainement la vie. Puis vient le moment du test. Alors que ses premières bouffées laissent place à une grosse quinte de toux, je m’empresse de la rassurer. Ce qui lui arrive là est tout à fait normal, sa gorge doit s’habituer au propylène glycol. Je lui précise que le PG, comme on l’appelle, n’a rien de nocif, et que l’on en trouve partout, que ce soit dans les aliments transformés, les médicaments…

Rassurée mais encore fébrile, elle quitte le magasin. Juste avant son départ, je l’invite à revenir me voir sous n’importe quel prétexte, y compris pour me tenir au courant de l’avancée de son sevrage.

 


« Je respire mieux, je me sens mieux, je ne suis plus essoufflée, et vous savez quoi ? Je n’ai plus envie de cloper, ça pue trop ! »


 

La semaine se passe et Danielle repointe le bout de son nez. De bien meilleure humeur, le regard plus vif, elle m’avoue fièrement ne pas avoir touché une seule cigarette depuis que l’on s’est quittés. « Je respire mieux, je me sens mieux, je ne me sens plus essoufflée, et vous savez quoi ? Je n’ai plus envie de cloper, ça pue trop ! » Je la félicite et lui explique qu’elle ne doit surtout pas relâcher ses efforts. « Mais pour qui vous me prenez ? répond-elle d’un ton amusé. Vous verrez que je ne suis pas si facilement corruptible ! » Alors qu’elle s’apprête à quitter le magasin, la vieille dame me prévient qu’elle repassera dans trois semaines car elle part en vacances dans le Sud, chez une amie. Je lui lance cet avertissement sur le ton de la plaisanterie : « Pas de clopes, même à l’apéro, sinon je n’ai même plus envie de vous voir. » « Vous n’avez pas fini d’entendre parler de moi » rétorque t-elle en rigolant.

Cette bonne odeur de caramel beurre salé

Fidèle à sa parole, elle revient trois semaines plus tard, rayonnante, la peau tannée par le soleil de Marseille. « J’ai deux superbes nouvelles à vous annoncer. La première : je n’ai pas touché une cigarette ; et surtout, mon pneumologue m’a fait passé des examens dans tous les sens et il m’a tout simplement mise à la porte ! Il ne veut plus me voir parce que les résultats sont excellents et qu’apparemment je ne suis plus en danger ! » Excellente nouvelle. Je me laisse alors emporter par mes émotions et étreins Danielle en la félicitant. Les larmes aux yeux (de joie cette fois), elle me remercie, me demande quel cadeau me ferait plaisir parce que je lui ai « sauvé la vie ». Gêné, je m’empresse de lui répondre que je n’y suis pour rien, qu’elle est seule responsable de sa réussite. « Je n’ai fait que vous donner les clés du camion. Vous avez conduit tout ce temps toute seule. »

Trois ans plus tard, on se remémore avec Danielle les débuts de cette amitié inattendue. Depuis, elle a repris le sport, elle parcourt le monde dès qu’elle en a l’occasion. Et quand je la quitte, laisse toujours derrière elle cette bonne odeur de caramel beurre salé qu’elle vape depuis toujours. Et qui lui a sauvé la vie. C’est aussi cela la vie d’un gérant de vape shop : des rencontres marquantes, des échecs mais aussi des réussites. Danielle, elle, fait certainement partie des plus belles. Si ce n’est la plus belle.

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