[Rencontre] Dr Sophie Maria, directrice du laboratoire OpenSciences chez Ingésciences

Le Dr Sophie Maria, qui dirige le département OpenSciences et le programme VapEcell au sein d'Ingésciences, nous a ouvert les portes de son laboratoire.

[Rencontre] Dr Sophie Maria, directrice du laboratoire OpenSciences chez Ingésciences

Le docteur Sophie Maria dirige le laboratoire OpenSciences et le programme VapEcell au sein d’Ingésciences. Une entité née de feu le LFEL et qui mutualise toutes les compétences nécessaires à l’étude des produits de vapotage. Sophie Maria est titulaire d’un master en biologie/chimie, et d’un doctorat sur le développement de médicaments à partir de cellules humaines et animales. Interview réalisée par Olivier Eynaud au début de l’année 2020.

 


VapEcell, un programme d’études qui a pour objectif d’étudier l’impact toxicologique des produits de vaporisation directement sur des cellules humaines


 

Bonjour Dr Maria. Pouvez-vous nous présenter le programme VapEcell, que vous avez initié ?

Dr Sophie Maria : Ce programme d’études, soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine, est l’un des projets du département OpenSciences de la société Ingésciences. Son objectif est d’étudier l’impact toxicologique des produits de vaporisation directement sur des cellules humaines. Ceci pour avancer vers une compréhension globale du phénomène de vaporisation d’un vaporisateur personnel et son impact sur la santé humaine.

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Pour ce faire, nous avons développé une version améliorée de notre robot-analyseur U-SAV, qui nous permet, grâce à un système breveté, de maîtriser la vaporisation des produits directement sur des cellules humaines pulmonaires, rénales ou cardiaques. Il s’agit d’une avancée scientifique majeure, que ce soit pour l’étude des produits du vapotage ou d’autres secteurs d’activité. Jusqu’alors, les protocoles de test n’étaient pas représentatifs de la réalité, car ils entraînaient une surexposition qui avait pour conséquence de « noyer » les cellules. Grâce à cette innovation, nous pouvons désormais étudier l’impact toxicologique réel de la vaporisation des produits, tout en prenant en compte le comportement du vapoteur.

 


Seule cette approche systémique nous permet d’appréhender au mieux l’innocuité et la complexité du vapotage


 

Avec de tels protocoles d’analyse, vous dépassez le cadre de la chimie pure…

Tout à fait. L’objectif de la société Ingésciences est de mutualiser toutes les compétences nécessaires à l’étude des produits du vapotage. D’un point de vue chimique évidemment, mais aussi physique, biologique, addictologique, toxicologique, sociologique, etc. C’est pour cela que nous avons créé un comité de pilotage où nous travaillons avec les soutiens du Dr Éric Blouin, expert en toxicologie du cabinet Physiotox, et du Pr Frédéric Becq, enseignant-chercheur à l’université de Poitiers. Seule cette approche systémique nous permet d’appréhender au mieux l’innocuité et la complexité du vapotage : matériel, composition du liquide, comportements de vapotage, impact toxicologique…

Vous risquez donc de mettre en lumière des pratiques plus risquées que d’autres. Faudra-t-il alors les interdire ?

La société Ingésciences n’a pas la volonté ni la légitimité pour autoriser ou interdire quelque pratique que ce soit. Notre objectif est de produire de l’information sur les différentes pratiques que nous observons et de la transmettre, le plus simplement possible, aux professionnels et aux consommateurs. Notre démarche consiste à sensibiliser et à accompagner les professionnels sur les conséquences qu’implique l’utilisation d’une cigarette électronique. Mais Ingésciences s’adresse également aux acteurs de santé publique, avec de l’information dédiée, et tente de combler le manque important d’informations objectives sur la vape auquel est confronté le corps médical en France.

 

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Pourtant, quelques molécules ont parfois été décriées, voire quasi interdites, dans les e-liquides. On peut notamment évoquer le diacétyle, il y a quelques années, ou le sucralose, plus récemment…

Effectivement, certaines molécules semblent impliquer une augmentation des risques pour le vapoteur. Mais, encore une fois, nous ne prônons pas l’interdiction que nous estimons contre-productive. L’exemple du sucralose, qui est un édulcorant, est très intéressant. En ingestion, il serait inoffensif, mais soumis à une température élevée, comme dans le cas d’une cuisson ou d’une vaporisation via un vaporisateur personnel, il représente un risque. Le fait d’informer les professionnels et les consommateurs sur les problématiques que pose l’utilisation de cet additif sucrant dans les produits du vapotage permet à chacun de se faire un avis objectif sur la question et de prendre, ou non, des décisions en conséquence.

Justement, comment faites-vous pour sensibiliser les consommateurs, malgré les interdictions de la TPD en matière de communication ?

Nous sommes peu en lien direct avec les consommateurs. Nos clients sont principalement des professionnels du secteur, dont une majorité de fabricants d’e-liquides. Ce sont eux, ainsi que les acteurs de la distribution spécialisée, que nous informons. Il leur appartient de faire le choix de communiquer ou non auprès de leurs clients. Plus concrètement, nous accueillons également nos partenaires dans nos locaux pour des journées d’échange et de partage autour des pratiques actuelles et futures de la filière. Loin d’être unidirectionnel, l’échange d’informations se fait dans les deux sens. Nos partenaires nous apportent une vision de la réalité du terrain à laquelle nous répondons avec nos projets, qu’ils soient scientifiques ou d’une autre nature.

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