Ozone, un réseau de shops comme une grande famille

Accompagner le sevrage tabagique avec éthique et bienveillance, diriger une équipe en s’appuyant sur le meilleur de chacun, défendre et renforcer le secteur avec la Fivape… la vie d’Agnès Hekpazo est inspirante. Grâce à la vape, la fondatrice d’Ozone, premier réseau breton de boutiques spécialisées, a vu s’ouvrir un horizon immense.

Ozone, un réseau de shops comme une grande famille

Née dans l’est de la France, Agnès Hekpazo (photo) grandi au Bénin où ses parents avaient posé leurs valises. Elle y a monté sa première entreprise, un atelier de teinture et de confection artisanal, créant sa marque métissée de linge de maison et de prêt-à-porter, qu’elle commercialisait dans ses deux boutiques parisiennes, mais aussi auprès de décorateurs en quête de matières naturelles.

Le décès de sa mère, à l’âge de 58 ans, d’une insuffisance respiratoire due au tabac, la ramène en France auprès de ses grands-parents, qu’elle n’imagine pas laisser seuls avec leur chagrin à plus de 90 ans. Avec son compagnon d’alors, leurs cinq enfants et ses grands-parents, elle va partager une grande maison à Rennes, où se croisent toutes les générations. Une sorte d’utopie en actes, où elle sort peu, cuisine beaucoup, apprend la guitare et prend soin de ceux qu’elle aime. Sans discontinuer, en 2012, elle accompagne, toujours « à la maison », la fin de vie de son père, atteint d’un cancer du poumon qui l’emporte à 67 ans.

« J’ai découvert, sidérée, que je n’avais plus envie de fumer »

Après le départ de tous ses ancêtres, Agnès Hekpazo se retrouve face à une page blanche. Elle sait juste que rien ne la motive davantage que la continuité et le sens, elle ne fonctionne qu’à l’évidence. Grosse fumeuse depuis l’adolescence, se libérer de cette addiction qui a emporté ses deux parents fait vaguement partie de ses objectifs personnels, bien qu’elle n’y croie plus guère… Pourtant, à la mi-octobre, elle achète une cigarette électronique, juste pour voir. « Le matériel fonctionnait bon an, mal an, les arômes n’étaient pas top et pourtant j’ai découvert, sidérée, que je n’avais plus envie de fumer. J’en ai grillé encore quelques-unes par entêtement, puis j’ai carrément fini par oublier… » Sa sœur et son frère, très gros fumeurs eux aussi, arrêtent également du jour au lendemain sous son impulsion, grâce à la vape

Son tour de France des professionnels du secteur

Pour Agnès, c’est une telle révélation que tout s’aligne très vite. « Dès mes premières heures de vapotage, je me suis renseignée sur les bons produits, les études, les effets, la législation. Au bout d’une semaine, j’ai entamé une sorte de tour de France des professionnels, shops – il y en avait moins de 100 à l’époque, sur toute la France ! – et fabricants de liquides. » Elle s’investit sans compter, parce que la vape promet la vie aux fumeurs en général, et à elle et à ses proches en particulier, et que cela a du sens après deux deuils douloureux traversés à cause du tabac.

En six semaines, son projet prend corps : Ozone est créé. Agnès veut un endroit pour partager son expérience, sélectionner des matériels plébiscités pour leur longévité et leur sécurité, proposer des e-liquides de fabrication française dont elle exige la meilleure qualité, permettre les tests libres en boutique pour que chacun trouve ce qui lui convient, accompagner les vapoteurs dans la durée, les informer, les conseiller, et lutter, pied à pied, contre les a priori et la désinformation. En somme, offrir le meilleur.

« Personne ne croyait à la vape à l’époque »

« Je n’ai jamais été salariée, monter une entreprise ne me faisait pas peur. Il a tout de même fallu convaincre, à commencer par le propriétaire de mon premier shop, parce que personne ne croyait à la vape à l’époque. Mais, pour moi, c’était une telle évidence que je ne me suis jamais senti de barrières, de frontières ou de frein. Au fond, j’ai toujours fait ce en quoi je croyais. » Fin 2012, la première boutique Ozone s’apprête à ouvrir à Rennes, rue Saint-Hélier. Agnès y investit l’héritage reçu de ses parents, embauche sa sœur « pour ne pas être seule à bord » et se dit que si son petit job tranquille fait un flop, elle aura gagné de belles rencontres et une expérience de plus… Quelques mois plus tard, en réalité, elle aura embauché cinq personnes, et sa sœur est aujourd’hui responsable de la boutique mère et de la formation en interne.

« La vape a permis à des gens très différents de se réinventer, de se révéler, de s’accomplir »

Avec une septième boutique intégrée à Vannes, et cinq boutiques en franchise, le réseau Ozone compte désormais 12 points de vente. Une équipe de 25 personnes, salariés et gérants, qui défend une vape indépendante de l’industrie du tabac. Si Agnès y a intégré également son frère, coordinateur du réseau, et sa cousine, responsable administrative, au fil du temps elle s’y est créé une nouvelle famille et défend tout l’inverse du favoritisme et de l’entre-soi. « La vape a permis à des gens très différents de se réinventer, de se révéler et de s’accomplir. Chez Ozone, il y a des tas de profils et, cette richesse, je m’en sers. Les membres du réseau apportent toute la diversité de leurs compétences et de leurs vécus antérieurs, leur singularité. Je n’en serais pas où j’en suis sans la somme de leurs qualités. »

Un seul et même principe

Autant d’hommes que de femmes, tous anciens fumeurs devenus vapoteurs, chacun sait de quoi il parle et suit des formations internes et externes de façon continue. Deux commissions, matériel et e-liquides, réunissent tous les mois les acteurs terrain pour déterminer, par un vote à la majorité, les nouveaux produits qui seront présentés à la clientèle. Agnès n’y prend jamais part, pour laisser à l’équipe son autonomie et la plus grande liberté de choix, sans pression financière. « Ce qui compte, c’est ce qui plaît au plus grand nombre d’entre eux. Je me contente de fournir un cahier des charges exigeant en matière de sécurité. Pour le reste, ils sont mieux placés que moi pour repérer nos besoins ! »

« Des relations harmonieuses demandent du tact, de l’écoute, du temps et du respect »

Aller chercher chez chacun le meilleur, mettre en lumière les points forts, les talents, accompagner, écouter, évoluer au gré des profils des salariés, des clients et du secteur, une méthode de femme ? « Des relations harmonieuses demandent du tact, de l’écoute, du temps et du respect. Ma priorité est la sincérité et la droiture de ces relations humaines, qui en font la qualité, qu’il s’agisse de mes proches, des gens avec qui je travaille ou de mes clients, c’est un seul et même principe. Chez Ozone, prendre soin des plus faibles, les soutenir, penser d’abord aux primo-accédants, ne pas perdre de vue ce magnifique sens du sevrage tabagique en abusant de setups puissants et de liquides sous-dosés en nicotine, favoriser le collectif et surtout faire confiance, tout cela va dans le même sens. Méthode de femme ? Peut-être, allez savoir… Quoi qu’il en soit, chez nous, chaque progrès se fait en douceur, pas à pas, sans brutalité, et ça fonctionne. »

La Fivape, c’est la suite de sa famille élargie

À la tête d’une équipe impliquée et soudée, Agnès consacre en parallèle près de la moitié de son temps de travail à la Fivape pour la défense de la vape indépendante. La Fivape, c’est la suite de sa « famille élargie ». Avec plus de 800 structures adhérentes, la fédération représente des milliers de professionnels de la vape en France, fabricants et distributeurs, au service de millions de vapoteurs. Trésorière depuis 2015, Agnès collabore étroitement, au sein du conseil d’administration, à la recherche et à la mise en place de solutions pour répondre aux problématiques du secteur et aux évolutions rapides du marché.

Réfléchir aux aspects écologiques, sanitaires, de santé publique, de formation ou de normalisation de la vape avec l’ensemble des adhérents et les parties prenantes institutionnelles, en collaboration avec l’Aiduce pour la défense des consommateurs, avec Sovape pour la recherche et la science, pour faire reconnaître l’importance et la spécificité des métiers de la filière de la vape… Rien de moins ! Entièrement bénévole, cet engagement apporte une dimension supplémentaire à ce qui est devenu un projet de vie.

Le déploiement du label Vape bleue

Un gros challenge en cours de déploiement national est le label Vape bleue, avec son logo V bleu pour servir de repère urbain aux boutiques de vape engagées sur une charte de spécialisation. Cet engagement, en plus de lier chaque professionnel qui le signe sur une vingtaine de points qualitatifs et éthiques, part de l’accompagnement vers un sevrage tabagique total et va jusqu’à la démarche, si elle est souhaitée par le client, de sevrage nicotinique, puis d’arrêt complet de la vape. A-t-on jamais vu un commerçant accompagner son client pour qu’il ne fréquente plus son échoppe ? Aux yeux d’Agnès Hekpazo, la vape n’a jamais été « un levier de croissance », contrairement au vocabulaire employé par les buralistes.

« C’est un outil qui sauve des vies, un antidote contre un poison violent qui tue prématurément un consommateur sur deux, 73 000 personnes par an en France, 7 millions dans le monde… » Un des prochains objectifs, cette année, consistera pour la Fivape à décrocher une certification d’État pour ses formations, ce qui serait une première mondiale. Faire ce qu’elel peut, du mieux qu’elle peut pour prendre soin d’elle-même et des autres, voilà qui permet à Agnès Hekpazo de réaliser un objectif à très court terme, voire immédiat, mais sans cesse renouvelé : passer de bonnes journées. Ça, et les reflets changeants du ciel et de la mer, autour de l’île d’Arz (photo) où elle vit, autres sources d’inspiration et de paix où elle puise son énergie.

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