[Les femmes de la vape] Maryline Leroy – Smart Liquid

En moins de dix ans, Maryline Leroy a roulé sa bosse dans la vape et su, déjà, se réinventer plusieurs fois. Formée au contact de la clientèle en shop, puis en BtoB en tant que représentante d’une grande marque française, elle a fondé Smart Liquid en 2019. Portrait d’une entrepreneuse dynamique, le regard frondeur et le sourire franc.

[Les femmes de la vape] Maryline Leroy – Smart Liquid

Maryline découvre la vape au bec de son compagnon, un soir d’automne en 2012. Ce « stylo qui fume » l’intrigue et l’attire immédiatement. Depuis la mort de ses parents, victimes l’un après l’autre du tabac, elle vit difficilement le fait de « vendre du cancer » huit heures par jour pour le compte d’un industriel. « Mes parents étaient très contents de ma situation : bon salaire, voiture de fonction, bonne situation. C’était une belle opportunité, pour moi qui n’ai pas de diplôme. Mais leur mort a marqué un coup d’arrêt. »

L’eGo de son compagnon fonctionne comme un starter. Maryline vapote dans sa voiture depuis quelques semaines quand elle a le déclic : au cours d’un séminaire interne, son directeur présente un des premiers dispositifs de tabac à chauffer comme l’avenir du secteur. Elle comprend que la cigarette, pour elle, appartient au passé.

Virage à 180 degrés

À tout juste 25 ans, elle décide de monter, en couple, son premier shop spécialisé. Mais à Angers où elle vit, les banques considèrent qu’elle surfe sur une mode. Maryline ne se dégonfle pas. Direction Saint-Jean-de-Monts, en Vendée, où elle a passé son adolescence.


« Ils ont cru en notre histoire, en notre culot et, pour nous, ont mis au point leur premier contrat de franchise. »


Il ne reste plus qu’un emplacement libre dans la première station balnéaire de France, juste à côté d’un DAB, qui assure la publicité de la boutique. « Nous avons sorti nos pots de peinture blanche et violette, acheté des étagères et c’était parti. » Maryline et son compagnon ont en effet su trouver les mots pour convaincre Vapostore, devenu depuis un des plus grands réseaux de France, de lui faire confiance. « Nous aimions leur concept, leurs liquides, leur gestion. Ils ont cru en notre histoire, en notre culot et, pour nous, ont mis au point leur premier contrat de franchise. »

La boutique, évidemment, cartonne. Les vacanciers préfèrent de loin se fournir sur place plutôt que de perdre plusieurs heures dans les bouchons. L’aventure maritime prendra pourtant fin au bout de quelques saisons. « Un agent immobilier d’Angers nous avait proposé un emplacement n° 1, une ancienne boutique Orange, face au tram. Nous avons tenu bon, alors que le marché était en train de se tasser. Mais gérer deux boutiques à plus de cent cinquante kilomètres l’une de l’autre est compliqué, alors on a vendu Saint-Jean. On était bien, pourtant, au bord de la mer. »

Tombée dans le chaudron

Maryline vit aujourd’hui à la campagne. Son compagnon a conservé la gestion de leur boutique d’Angers et vient d’en ouvrir une deuxième dans un espace commercial de la région. Elle, elle a eu envie, un temps, de changer d’air. En 2016, elle a besoin de faire un break. Marre de la vape de biker, de tatoué, de barbu, qui laisse sur le bord de la route de plus en plus de vapoteurs.

Elle décroche un poste de commerciale chez Coca, où elle apprend beaucoup, mais se lasse tout aussi vite. Son congé maternité achève de lui offrir le recul qu’elle recherchait. À quelques semaines d’accoucher, elle postule, au culot cette fois encore, chez VDLV. Depuis toujours, Maryline, qui n’a jamais vraiment aimé l’école mais adorait, gamine, vendre des barbes à papa et des sucettes chaudes avec les forains, bricole ses CV pour décrocher un entretien et convaincre en face à face. « Je n’ai jamais eu peur de trouver du travail. Peut-être parce que je suis la dernière de ma fratrie et que mon statut de chouchou a boosté ma confiance », plaisante-t-elle.


« Quand on aime la vape, on ne peut que se plaire chez VDLV. Je me suis découvert une passion,
j’ai eu mes premières
idées d’assemblages, j’ai fait énormément de belles rencontres »


Et la voilà partie pour deux ans sur les routes, au contact des professionnels des secteurs Pays de la Loire et Bretagne. Elle s’éclate, apprend tout sur les liquides, à une époque où la TPD vient cadrer les pratiques. « Quand on aime la vape, on ne peut que se plaire chez VDLV. Je me suis découvert une passion, j’ai eu mes premières idées d’assemblages, j’ai fait énormément de belles rencontres. »

Au bout de deux ans, consciente qu’à sillonner le terrain elle est passée à côté de la petite enfance de son fils, elle accepte la proposition de Lips, qui lui offre un poste de responsable grands comptes. Nouvelle corde à son arc, formidable esprit d’équipe, aventure à tous les carrefours. Pourtant, la greffe ne prend pas. « Travailler avec Cédric et Olivier est très dynamisant. Leur bienveillance, leur ouverture, leur curiosité m’ont permis de prendre confiance en moi. Mais je ne me sentais pas complètement alignée avec le projet. Difficile, dans ces conditions, de bien construire la suite de l’histoire. »

 

 

Smart est né

Maryline est prête : elle va se lancer en solo et fabriquer ses propres liquides. Par le passé, ses propositions ont déjà fait mouche chez ses précédents employeurs ; une des saveurs dont elle a conseillé la conception s’est même retrouvée dans le top 3 des ventes de la marque. Alors, elle se renseigne, établit un cahier des charges, trace une voie idéale : la conformité Afnor et même plus, en bannissant non seulement le sucralose, mais tous les édulcorants. Back to basics ! De la saveur, de la légèreté et zéro édulcorant.

« Le sucre est un non-sens, du point de vue sanitaire comme du goût. On en veut toujours plus, parce que les papilles s’habituent. À terme, on favorise la vapeur, on baisse son taux de nicotine et, en cas de gros coup de stress ou de panne sèche, on reclope. Une bonne vape doit vous procurer votre dose. C’est le meilleur moyen de continuer à arrêter de fumer. »

Elle lance la première production en 50 ml fin décembre 2019, alors que le monde entier ignore, pour quelques jours encore, la menace du Covid. Pour la première fois, elle ressent de la peur. « Au début, j’y suis allée cool, en m’appuyant sur les copains clients. J’aurais dû y aller plus fort, pour être implantée en boutique au moment où elles ne pouvaient plus faire goûter et se montraient naturellement plus réticentes à la nouveauté. Sans la bienveillance de certains professionnels, qui m’ont soutenue dès le printemps, sans l’ACRE et le chômage partiel, Smart aurait pris le bouillon. »


« Je n’ai pas pris tous ces risques, mis au point des saveurs si justes pour retrouver mes fioles
à prix cassés sur le net. Je privilégie donc la relation directe avec les indépendants »


Vapexpo, il y a quelques semaines, représentait un enjeu vital pour la marque dont le propos détonne. Maryline injecte une part importante de sa trésorerie dans le salon et fait le pari qu’à la capitale elle croisera ceux que le Covid l’a empêchée de rencontrer pendant deux ans. « Le premier soir, en quittant le stand, je pleurais de reconnaissance. Toute la journée, nous n’avons reçu que des compliments de la part d’acheteurs en quête d’un nouveau souffle. Je n’en revenais pas de tant de bienveillance. »

Smart voit sa courbe de commandes monter en flèche et entame les discussions avec KMLS Pro, dont les pratiques respectueuses rassurent sa fondatrice : « Je n’ai pas pris tous ces risques, mis au point des saveurs si justes pour retrouver mes fioles à prix cassés sur le net. Je privilégie donc la relation directe avec les indépendants. Mais j’ai conscience que les shops gagnent en marge s’ils peuvent se fournir en matériel et en liquides chez le même revendeur. » Ses liquides figurent depuis en bonne place sur le site réservé aux professionnels.

 

La résilience incarnée

Ce succès ne tient pas à la chance, mais à une épreuve personnelle et à un caractère bien trempé. Il y a six mois, Maryline boit la tasse et lâche les rênes plusieurs semaines pour se retrouver. Elle revient en possession de ses moyens, plus libre, sûre d’elle-même. « Cette épreuve était un mal pour un bien. C’est formidable pour ça, la vie. Un jour à terre, aujourd’hui le bonheur. Je sais que je suis à ma place et que les projets que j’ai en tête verront le jour. Je sais aussi que j’aurai la patience de ne pas aller trop vite pour être encore là dans dix ans, et la sagesse de savourer l’instant. »

Aux côtés de ses « gars sûrs », comme elle appelle les membres, femmes et hommes confondus, de son équipe, Maryline compte bien affronter sa peur du vide. Prochaine étape : le saut à l’élastique avec une copine.

 

L’essence de la vape

Chez Smart Liquid, Maryline Leroy défend l’intelligence du goût pour tous les vapoteurs, papilles averties en mal de finesse ou débutantes en convalescence. Quand on travaille sans sucre, les saveurs sont bien plus subtiles (mais non moins franches) et leur assemblage exige d’autant plus d’inventivité. Chaque jus complexe de la gamme tient ses promesses et donne envie de découvrir les autres. Le Red One (fruits rouges) s’appuie par exemple sur la mûre, dont le côté floral twiste le mélange. Idem pour le Sweet Dragon, dont l’alliance de citron vert, de fraise et de fruit du dragon, assortie d’une touche de fraîcheur, réjouit le palais. Mentions spéciales pour le Crunchy Toffee, un gourmand rond et plutôt sec, sans écœurement, et pour le Green Mix, dont le kiwi juteux, associé au basilic vert sur fond de litchi surprend très agréablement.

smartliquid.fr

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