Non, le vapotage ne rend pas accro à la nicotine !

Aux États-Unis ou en Inde, le durcissement législatif contre la vape s’est notamment inscrit en réaction à une prétendue épidémie d’addiction à la nicotine chez les jeunes. Cet « effet passerelle » est souvent brandi par les militants anti-vape, pour souligner la propension qu’aurait l’e-cigarette à mener les usagers au tabagisme. Mais une nouvelle analyse des enquêtes qui ont donné corps à cette hypothèse démontre l’inverse.

Non, le vapotage ne rend pas accro à la nicotine !

C’est une rengaine à laquelle on est désormais habitué. Que ce soit pour justifier l’interdiction des e-liquides aromatisés aux États-Unis ou l’arrêt de la vape en Inde, les détracteurs de la vape mettent souvent en avant un prétendu « effet passerelle » qui conduirait les jeunes vers le tabac. La Food and Drug Administration (FDA) a ainsi été saisie pour réguler le marché américain, en se basant en particulier sur une enquête menée en 2017 et 2018 par le National Youth Tobacco Survey (NYTS).

C’est précisément cette étude, dont les résultats ont été rendus publics en mars 2019, qui fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle analyse. Les professeurs Martin Jarvis, Robert West et Jamie Brow de l’University College of London ont en effet repris ces chiffres en les comparant aux résultats antérieurs.

Ils ont ainsi démontré qu’en réalité, moins de 1 % des jeunes non-fumeurs ont utilisé fréquemment la vape, en 2018. « Les données de l’enquête NYTS ne corroborent pas l’affirmation selon laquelle une nouvelle épidémie de dépendance à la nicotine serait liée à l’utilisation du vapotage, pas plus qu’elles ne soutiennent une inquiétude de voir le recul du tabagisme chez les jeunes se résorber après des années de progrès » indiquent les rapporteurs. 

Seul 1 % des jeunes qui n’ont jamais essayé de produits du tabac vapotent régulièrement

Plus précisément, cette comparaison met en lumière les données suivantes : en 2018, 20,8 % des lycéens ont déclaré avoir utilisé une cigarette électronique dans les trente jours précédant l’enquête, mais seuls 25 % d’entre eux en ont fait un « usage fréquent ». En réalité, 61,8 % auront « tiré » sur une e-cigarette moins de dix fois au cours de leur vie. Une  nuance de taille qui est passée à la trappe lors de l’analyse des chiffres. Résultat : l’interprétation a été faussée, et le grand public mal informé.

« Notre analyse des données de NYTS de 2018 et des années précédentes montre une forte association entre la consommation de produits du tabac et le vapotage au cours de la vie. En 2018, les lycéens qui avaient fumé plus de 100 cigarettes au cours de leur vie étaient environ 27 fois plus susceptibles d’avoir vapoté au cours des 30 derniers jours que les étudiants qui n’avaient jamais essayé de produits du tabac, indiquent les rapporteurs. L’utilisation de cigarettes électroniques au moins 20 jours au cours du dernier mois n’a été observée que chez 1 % de ceux qui n’avaient jamais essayé de produits du tabac, en 2018. »

En clair, la vape a surtout la cote chez ceux qui ont déjà tenté la cigarette classique. Cette analyse corrobore les conclusions d’Arielle Selya, chercheuse à Sandford Research et directrice du Data Exchange. Elle avait appliqué des modèles mathématiques aux comportements des adolescents américains, en matière de vape et de tabagisme. Sa conclusion : dans tous les cas, 10 à 20 % des jeunes Américains vont de toute façon se tourner vers les produits du tabac, quels qu’ils soient. 

La dépendance doit être attribuée à la consommation antérieure de cigarettes

« Parmi les lycéens, nous avons constaté que, pour la grande majorité de ceux qui avaient déjà fumé, les cigarettes ont été le premier produit de tabac essayé, avant tout recours au vapotage. Il est clair que pour ces étudiants, la consommation de cigarettes et le développement d’une dépendance caractéristique à la nicotine doivent être attribués à la consommation de cigarettes plutôt qu’au vapotage », indiquent les chercheurs. Aux États-Unis, si l’on prend davantage de recul, il faut savoir que le tabagisme chez les lycéens a chuté de 28,5 % en 1999 à 8,1 % en 2018. « Le déclin rapide […] n’a donné aucun signe de renversement depuis l’essor de la vape en 2011 », précisent les rapporteurs.

Par ailleurs, les vapoteurs qui n’avaient pas utilisé de produits du tabac auparavant expriment une faible dépendance. Seuls 3,8 % d’entre eux parlent de « manque », contre 74,5 % des fumeurs, une fois privés de leurs produits. Ces vapoteurs indiquent enfin ne pas se reconnaître dans l’association entre le vapotage et les produits du tabac. La moitié d’entre eux ne considère même pas avoir consommé un produit relevant de ce marché. « Cela suggère que leur image de soi n’est pas celle d’un consommateur de produits du tabac. Cette perception du vapotage comme quelque chose de différent et distinct du tabac pourrait servir à réduire leurs chances de devenir consommateurs de produits de tabac conventionnels ».

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