Le projet de loi a été voté avec une nette majorité, le 18 décembre dernier, au « Borgen », le parlement danois. Qualifiée « d’anti-vapoteurs » par les associations militant en faveur de l’e-cigarette, cette nouvelle loi prévoit une série de mesures limitant l’e-cigarette. La principale d’entre elles vise l’interdiction de tous les e-liquides aromatisés, exceptés ceux au goût menthol et tabac. Phénomène nouveau par rapport à d’autres pays, il s’agirait également d’appliquer une taxe pour chaque flacon d’e-liquide. Le montant a été fixé à 2 couronnes danoises par millilitre, soit 2€70 par fiole. Dernier volet, l’emballage des e-liquides devra être neutre, à l’instar des paquets de cigarettes. Et plus globalement, les produits ne pourront pas être présentés sur les étals des revendeurs, au Danemark. Les clients devront les demander expressément.
Taxer fortement les e-liquides et interdire les arômes
Ce projet de loi devrait progressivement entrer en vigueur en 2021, volet par volet. Il a été largement mis en avant par le ministre de la Santé Magnus Heunicke. « L’interdiction de la vente des liquides de cigarette électronique avec tous les goûts autres que tabac et menthol doit empêcher les cigarettes électroniques de devenir une passerelle vers la nicotine et les cigarettes classiques pour les jeunes », estime-t-il. Le problème ? Aucune étude sérieuse ni aucune consultation n’ont été entreprises avant d’initier un tel projet de loi.
La veille du vote, alors que le projet était en débat au parlement danois, le ministre Magnus Heunicke a bravé la foule des détracteurs, massée à l’extérieur. Face à Kim Pedersen, le président de l’associations de vapoteurs Dadafo, il a essentiellement mis en avant sa volonté « de protéger les jeunes ».
On recense plus de 300 000 vapoteurs au Danemark, d’après les associations spécialisées, sur une population totale de 5,8 millions d’habitants. L’association Dadafo affirme que 75 000 d’entre eux ont définitivement arrêté de fumer. Et tous ces adeptes de la vape pourraient bien être fortement condamnés, à l’instar des soldats américains par exemple, avec l’impossibilité de retrouver les e-liquides les ayant aidés au sevrage. « Les vapoteurs ordinaires, ceux pas très impliqués dans la communauté et ceux qui essaient simplement d’arrêter de fumer, seront les plus durement touchés », estime Mikkel Schmidt, un spécialiste de la vape affilié à l’association Dadafo.
« Le plus triste est que l’interdiction des arômes de la vape va coûter des vies », estime Kim Pedersen, le président de Dadafo. Il a lui-même arrêté de fumer il y a sept ans, grâce au vapotage. « Cela a été une bouée de sauvetage » indique-t-il, à propos de l’e-cigarette. Au Danemark, le nombre de fumeurs a augmenté pour la première fois en 2019 : ils sont actuellement 23,1 % de la population, contre 21,1 % en 2016.